quarta-feira, 21 de janeiro de 2009

Monologue

Acte Unique
Scène 3

(Une chambre fermée, avec seulement une porte au fond, une chaise au milieu de la scène et des livres et papiers éparpillés autour de la chaise.)
Echo (sauf dans les cas où il y a une indication précise, comme au début et à la fin, le personnage déambule tout le long de la scène)
(La lumière est faible.)


ECHO (couché sur le sol) :
(Un temps. Il se réveille) Il ya quelqu’un ? Non, sûrement. (Un temps.) Personne. Même pas l’ombre de quelqu’un... Si, il y a mon ombre. (Un temps.) Combien de temps s’est-il passé ? Trois ans, deux... (Il cherche dans ses papiers.) Que dis-je ? (Il regarde un calendrier.) Ça ne fait même pas un an. Tout me paraît si loin... La lumière, la lune, le soleil, mes amis - ma vie - tout est si loin... (Un long intervalle de temp pendant lequel il cherche des yeux dans le public.)
- Saudade...- est-ce tout ? Un simple mot ? Non. On ne peut défnir quelque chose d’infini... (Des bruits d’ailes d’oiseau.) Il y a quelqu’un ? (Il se tourne et retourne en courant et cherchant l’origine du bruit.) Je crois devenir fou - j’entends souvent ces bruits, mais cela doit être dehors, c’est toujours dehors. (Il s’avance vers la porte et essaye d’entendre quelque chose.) Peut-être quelqu’un dehors, un visiteur... (Il lève la tête comme pour se rappeler de quelque chose.) « C’est un visiteur tardif qui tape à ma porte - cela seulement et rien d’autre sorte » - est-ce bien cela ? Même ma mémoire devient fatiguée... Oh les beaux jours ! (Un temps.)
- Saudade... (Il s’éloigne déçu de la porte.) Je me demande souvent à quoi sert de survivre - ou plutôt sous-vivre. Il est inutile de chercher une explication - on ne la trouve jamais. (Il prend un des livres et d’assoit sur la chaise.) « Parce que c’était lui parce que c’était moi. » Peut être... Je me demande aussi si cela aurait été différent si je n’étais pas moi. (Il regarde un des livres sur le sol.) Qu’en penses tu ? (Il en regarde un autre.) Et toi ? Rien ? (Un autre.) Et toi ? (Il attend un peu avant de prendre ce livre.) As-tu vraiment quelque chose à me dire ? (Il s’asseoit par terre et lit:) « La réflexion fait de nous tous des lâches » - peut être... ça fait des mois que je refléchis et je ne fais rien... - Peut être aussi que si je n’avais pas refléchi je n’airais rien fait non plus, vu que même en refléchissant je ne sais que faire. (Un temps.) Peut être aussi que ce serait mieux de refléchir à une action quelconque et non pas à ses causes ou effets... Mais à quoi cela me menerai-il ? (Un temps court.) Je pense déjà aux conséquences. (Un temps.) - Saudade... (Un très long intervalle de temps.)
- Écrire... On dit qu’en écrivant on se décharge l’esprit. (Il cherche vivement parmi ses papiers.) Pas de stylo... (Un temps.) Est-ce cela ce que l’on appelle la vie ? Souffrir des pertes et souffrir de ne pas savoir en finir avec sa souffrance ? Ou bien souffrir des pertes et,quand on trouve une isse (Pause.) elle est bloquée ? (Un temps.)
- Bloquée, bloquée - plein et pourtant vide... (Un temps. Il prend un livre et lit la couverture.) « Espèces d’espaces ». Que pourrait-ce bien être ? Parmi ces espèces il doit y avoir un espace vide. Un espace vide pour une espèce vide... (Un temps.) Cela porrait aller très bien avec moi. (Il lance le livre au loin, ainsi que la chaise et tout ce qu’il y a autour.)
- Vide... Ça va bien avec la mort : un instrument parfaitement accordé qui joue une longue pause dans une symphonie de silence et d’ombres. (Un temps.) Le vide et la mort... (Un temps.)
- La mort...
- Saudade... « Que reste-t-il de ces beaux jours ? » Que des souvenirs, des ombres - impressions qui ne peuvent même pas être recordées... Des ombres, l’ombre d’un passé et celle de moi-même, contrastées avec le ton vif de la mort - si vif que l’on se croirait mort... (Un temps.)
- La mort... Seraient-ils déjà tous morts ? Mes amis - mes amours, ma famille ? Je ne peux le savoir, mais c’est sûrement vrai - et c’est dommage que ce soit vrai - ou au moins pour moi. Amitié, plus belle que l’aurore... Plus jamais. (Un temps. Il essaye encore de se rappeller quelque chose.) Cela me rappelle quelque chose: un refrain déjà oublié. (Un temps.)
- Oublié... Ai-je été oublié du monde, ou est-ce moi qui oublie peu à peu le monde ? La première hypotèse me paraît plus vrasemblable, mais la vraisemblance n’est pas aussi vraisemblable que’elle n’est vraie et tragique et donc aussi improblable que l’est l’invraisemblable. (Un temps.)- L’invraisemblable, l’absurde - la vie... la vie... Il y a longtemps, on m’a dit plusieurs fois que le cycle de la vie était composé de quatre étapes : naître, croître, reproduire et mourir, et que l’odre était inaliénable - je ne le pense pas. (Un temps.) Ce fut seulement après avoir crû en partie et que j’ai cessé de croire - aussi en partie - que je suis né. (Un temps.) Étant en vie, et croyant moins - mais croyant plus encore aux choses auxquelles je croyais - j’eus envie de croître - et j’ai crû. (Un temps.) Plus j’ai crû et moins j’ai cru. (Un temps.) Toute réproduction dans ma vie était celle des raisonnements et écrits d’autrui, que j’appellerai plutôt d’imitation - pas réproduction, aucun fruit, aucun fils. (Un temps.) Et la mort, instant suprême auquel on revoit toute sa vie, je ne sais pour l’instant que dire. Une fois j’ai aussi entendu dire qu’il y avait deux fatalités dans la vie: notre naissance et notre mort. Je n’ai pas encore oublié ma naissance et je suis presque sûr de ne pas pouvoir oublier la mort - la mémoire est encore trop fraîche: c’était il y a quelques jours, c’était hier, c’est maintenant... (Pendant la dernière phrase, il se couche lentement. La lumière s’éteint progressivement lors de son mouvement et complètement à la fin.)

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